Période de vacances, de latence, de mouvance.
Temps de l’attente au banc des relégués, des accusés.
On se demande si reviendra le jour
Où l’on jouera sur le terrain d’amour,
On lancera la balle qu’on vous aura donnée,
On marquera le point qui vous fera gagner.
On se demande si reviendra le temps
D’engager une partie
De partager une vie
Ou si plutôt il ne faudra pas
S’enfouir au plus profond du lit
Pour mieux se réchauffer sous la couette moelleuse de la nuit,
Ou si encore ne viendra pas
Le goût de s’enfuir pour de lointains paradis
Aux senteurs fugaces vite évanouies,
Aux folles visions tourbillonnantes
Zébrées de cymbales éclatantes.
Le temps passe sans vous maintenant
Que vous êtes perdu dans la nuit du vent,
Dans l’éblouissement de l’été déserté
Dans la marée humaine des plages saturées.
Passe le temps sans s’arrêter,
Passe le temps sans rien changer
Au cours de l’onde
Au chant du monde,
Quand
Châteaux de cartes fragiles croulent en regrets
Chimères déchantées s’envolent, pesantes, ailées.
Le temps passe sans vous, aujourd’hui ou demain,
Sans s’arrêter, sans rien changer en plus, en moins.
Pauvre de vous qui, c’est certain, ne savez plus,
Graver de votre empreinte le parchemin de sang
Et de votre voix le bruissement continu
Des jours qui filent, indifférents et pressés.
Cicatrice en plus, cicatrice en moins,
Sur le corps torturé du temps,
Qu’importe un cri de plus, un cri de moins,
Quand va le monde en se moquant..
Pleur d’oiseau ou chant humain,
Parfum de femme, déchet bovin,
Mais qu’est-ce qu’on fait,
Mais qu’est-ce qu’on dit ?
Tourne et roule terre blessée,
Ton oeuvre crie la folie.
Etre Rimbaud ou Renoir,
Peintre des fauves
Ou chantre des âmes,
Vendeur de rêve ou passeur d’armes,
Trafiquant de mots ou voleur chauve,
Trompeur blanc ou bandit noir,
Voyageur dans le désert égaré,
Homme perdu en quête d’absolu,
Ca ne change rien
Vous n’y pouvez rien :
Le temps passe sans vous attendre plus.
Qu’est-ce que ça peut faire ?
On vit tous sur terre.
25 août 1999