L'Homme et l'Oiseau-mouche

Le sommeil de l’oiseau...

Dans la lumière, les couleurs, la chaleur, les odeurs, l’oiseau mouche virevolte, papillonne, affairé, sans jamais s’arrêter. Il danse.

Allongé, alangui, l’homme s’abandonne au sommeil., dans son lit de nature. Il est bien. Il a confiance.

Tout est simple. Ce sont les images du bonheur. Les images de la vie.

Immobiles, ils dorment.

Ils ont tout perdu jusqu’aux rêves qui les emportaient. Ils ont froid.

Leurs vies se sont brisées.

L’obscurité les gagne. Tout se tait. Plus rien ne bouge.

L’homme est allongé. Les ailes de l’oiseau sont repliées.

Au  mouvement de la vie succède l’immobilité de la mort.

... et le Dormeur du val (Arthur RIMBAUD)

C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme.
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.