Autour de moi
Que dit la ville
Qui m’assaille
Et défile ?
Autour de moi
Pourquoi ce bruit
Au vantail
De ma vie ?
Autour de moi
Les cités, le béton,
Les jardins retournés
De grillage entourés,
La peur et le baston.
Dans la journée,
Le silence des banlieues endormies,
L’asthénie des vies déjà finies.
Femmes flétries
Au coeur meurtri,
Vieux esseulés
En mal d’aimer,
A petits pas pressés
Cachent en se hâtant
Le mal si dégradant
D’un âge abandonné.
Tombe le soleil
La ville s’éveille :
Motos pétaradantes
Aux fumées polluantes,
Cris d’enfants en pleurs
Dans le jour qui meurt.
Sortie à l’air libre
De millions de fourmis,
Comprimées et enfouies,
Sous la terre qui vibre.
A l’approche du soir,
Renaît enfin l’espoir :
Sonne l’angelus,
Apparaît Venus,
Cloche apaisante,
Etoile brillante.
Chasse l’effroi,
Redonne joie
Aux travailleurs épuisés,
Aux couples fatigués.
Redonne joie
Aux pauvres sans toit,
Aux frileux qui grelottent
Contre leurs bouillottes,
Aux envieux qui basculent
Quand la rage les bousculent.
Ne livre pas aux galères
Ceux qui s’aiment sur terre,
Ne maintiens pas au bagne
Ceux qui fuient la castagne.
Car, dans le noir du soir
Revient le désespoir.
Sous le voile de la nuit
Disparaît toute vie.
Au loin
S’ombrent les contours,
S’embrument les tours,
Se confondent les toits,
Et les rues et les doigts.
Au loin, si loin,
Apparaissent alors,
Vaporeuses encore,
Dans la paille et le foin,
Les volutes opiacées
Des envols violacés
Des chants d’amour,
Somptueux atours,
Poésie et folie
Des amants de la vie.
Autour de moi
Paix dans la mort,
La ville s’endort.
Autour de moi,
Dans un soupir,
Rêve d'une vie
Où dans le rire,
Tout est ravi.
13 Janvier 1999