12 Décembre 2011
Marigot,
Je me traîne, j'avance dans la ville, le long des trottoirs accidentés, ébréchés, j'avance, je ne vois rien.
J'évite une flaque d'eau, le goutte à goutte d'une climatisation, les trous et les nid de poule.
Je slalome entre les quatre-quatre, les motos pétaradantes, les touristes obèses en maraude et les tables désertées des bars.
J'avance dans la chaleur de la ville qui exhale ses odeurs de transpiration, ses relents d'égout. Je suis perdue dans une tour de Babel où toutes les langues se parlent, bribes d'espagnol, accents américain, tonalité d’anglais émaillé de français.
J'avance entre maisons créoles aux couleurs tendres, immeubles vétustes rongés par le sel et la crasse, magasins de luxe perdus au milieu du chaos ambiant. J'avance entre ombre et soleil.
J'avance et n'en puis plus de ce marigot où je me perds, me noie, véritable cloaque où je m'enlise. J'avance et ne vois rien.
Mais, au bout du chemin, la lumière sur le lagon bleu turquoise.
Le cimetière en bord de mer,
Les morts qui veillent sur les vivants.
Ecrire, une marche dans le monde
Ecrire, une pause. Vol du papillon entre la veille et le sommeil.
Saint-Martin. Novembre 2011